dimanche 20 mai 2007

Dexter ou Jarod au pays des "Serial Killer" (des quoi ? ;-))

Hi folks!

Fans de polar et d'ambiance glauque, réjouissez-vous, Dexter est une nouvelle série qui nous vient bien sûr d'Outre-Atlantique et que Canal+ a la bonne idée de nous présenter depuis la mi-mai. Nouvelle en France en tous les cas, car la diffusion de la courte première saison (12 épisodes) a déjà eu lieu depuis belle lurette chez Oncle Sam (Dexter y est diffusée depuis l'automne 2006).

Cette série a été créée par James Manos Jr d'après le roman de Jeff Lindsay - Ce Cher Dexter - auteur qui participe également au scénario de la série. Dexter est délicieusement politiquement incorrect, la psychologie des personnages est travaillée, les dialogues et la mise en scène sont soignés (en tous cas par rapport à la production standard de séries) : tous les ingrédients de la bonne série qui accroche le spectateur.
Le héros éponyme y est incarné par un excellent Michael C. Hall qui a joué dans la - également - excellente série Six Feet Under.

Dexter Morgan est une sorte de double maléfique de Jarod (de la série Le Cameleon... espérons que contrairement à cette dernière, le scénario de Dexter ne partira pas en sucette sous l'impulsion de producteur ploutophile) : il est intelligent, c'est un parfait caméleon, il sait parfaitement tendre ses rets avec calme, patience et méthode. Cependant contrairement à Jarod, il tue ses victimes avec une parfaite froideur et un soin chirurgical.
Suite à un traumatisme dans son enfance il n'éprouve (plus ?) aucuns sentiments. Comme il le dit lui-même dans la série "Certaines personnes simulent certains de leurs sentiments,
moi je les simule tous". Son problème n'est pas juste d'être hermétique à tous sentiments : il éprouve un irrépressible besoin de tuer. Son père adoptif, Harry, flic à Miami, a découvert rapidement sa véritable nature, mais plutôt que de le faire interner comme d'aucun aurait été tenté de le faire, il lui apprend à canaliser ses pulsions meurtrières - à "tuer utile" - et à ne pas laisser de trace... Dexter est donc un serial killer de serial killer (un quoi de quoi ??? ;-)). Comme dirait mon ami le Dr Denfer "Oh le malaise!" : il faut avouer que c'est un peu dérangeant de se retrouver dans la tête d'un assassin (même s'il ne tue que des raclures) et de le voir se livrer avec minutie à son rituel de mise à mort.
Comble de l'ironie, Dexter est le jour expert en traces de sang sur les scènes de crime pour la police de Miami. En dehors de ces collègues pour lesquels il est un rat de laboratoire équanime, poli et discret, ces véritables relations sociales et seules personnes pour lesquelles ils éprouvent
ce qui serait le plus proche pour lui d'une forme d'affection, sont sa soeur adoptive - jeune fliquette qui aspire à prendre du galon - et Rita Bennett (jouée par Julie Benz) sa pseudo-petite amie - ex-femme battue qui croit avoir trouvé l'homme parfait. Et pour couronner le tout un autre tueur joue au chat et à la souris avec Dexter. Voilà pour le pitch.

Les questions posées par cette série sont intéressantes mais troublantes : certes ce sont des salauds qui sont tués mais même eux méritent-il cela ? Cela semble faire écho à des films comme "La Nuit des juges" de Peter Hyams (1983 avec Michael Douglas) ou "Un justicier dans la ville" (avec Charles Bronson) et d'une certaine manière aux "Dirty Harry"... mais bien sûr, là c'est plus subtile et surtout plus malsain : Dexter ne tue pas d'abord pour rétablir la justice
bafouée ou se venger, il tue parce qu'il a besoin de tuer. S'il tue "utile" c'est sous l'impulsion de son père adoptif et parce que finalement cela a beaucoup d'avantages, car au fond pour lui ce n'est pas important de tuer un salopard, ce qui importe c'est de tuer... cependant, comment savoir si ce qui tue au nom de la justice ou de quelques principes supérieurs ne le font pas pour assouvir une certaine pulsion ? Débat sans fin...
L'aspect très rationnel de Dexter, son regard lucide, froid et sans complaisance, fait un peu penser à un Sherlock Holmes ou à un Gil Grissom. Et d'ailleurs c'est un "expert" tout comme eux. La frontière entre le bien et le mal est parfois mince...

Tout cela nous rappelle aussi qu'un personnage hors du commun (au sens littéral) n'est parfois ni un héros, ni un exemple à suivre, mais que cela ne l'empêche pas d'exercer sur nous une fascination certaine.
"Je suis humain et rien de ce qui n'est humain ne m'est étranger" écrivait Agrippa d'Aubigné : si Dexter poursuit une quête désespérée pour être un peu plus humain, c'est peut-être notre part sombre et inhumaine qui peut nous rendre cette série à la fois si fascinante et dérangeante.

Vous l'aurez compris, je vous recommande chaudement cette série si vous n'avez rien contre le politiquement incorrect.

Désolé, un billet un peu moins Groovy que d'habitude je pense... ben, ça arrive ! :-) On ne peut pas être tous les jours un serial-rieurs !

May the Groove be with you !

Yeh Groovy Baby !

Aucun commentaire: