dimanche 22 juillet 2007

Bor(h)ed

Hi Folks !

Cela fait déjà longtemps maintenant que j'ai lu pour la première fois l'histoire du baromètre de Bohr. A de nombreuses reprises je l'ai reçu par email. Récemment, j'ai retrouvé cette histoire sur Wikipedia. L'article en question précise que c'est une légende urbaine, ce qui ne m'étonnerait guère. Cependant l'anecdote, construite ou véritable reste intéressante à mon sens dans tous les cas (et nettement moins dangeureuse ou pernicieuse que d'autres légendes contemporaines de ce type). Avant toute chose, voici cette anecdote, reprise (honteusement) quasiment telle quelle de Wikipedia.
J'ai reçu un coup de fil d'un collègue à propos d'un étudiant. Il estimait qu'il devait lui donner un zéro à une question de physique, alors que l'étudiant réclamait un 20. Le professeur et l'étudiant se mirent d'accord pour choisir un arbitre impartial et je fus choisi. Je lus la question de l'examen :

"Montrez comment il est possible de déterminer la hauteur d'un immeuble à l'aide d'un baromètre"

L'étudiant avait répondu : "On prend le baromètre en haut du immeuble, on lui attache une corde, on le fait glisser jusqu'au sol, ensuite on le remonte et on calcule la longueur de la corde. La longueur de la corde donne la hauteur de l'immeuble".

L'étudiant avait raison vu qu'il avait répondu juste et complètement à la question. D'un autre côté, je ne pouvais pas lui mettre ses points : dans ce cas, il aurait reçu son grade de physique alors qu'il ne m'avait pas montré de connaissances en physique. J'ai proposé de donner une autre chance à l'étudiant en lui donnant six minutes pour répondre à la question avec l'avertissement que pour la réponse il devait utiliser ses connaissances en physique. Après cinq minutes, il n'avait encore rien écrit. Je lui ai demandé s'il voulait abandonner mais il répondit qu'il avait beaucoup de réponses pour ce problème et qu'il cherchait la meilleure d'entre elles. Je me suis excusé de l'avoir interrompu et lui ai demandé de continuer. Dans la minute qui suivit, il se hâta pour me répondre :

- On place le baromètre à la hauteur du toit. On le laisse tomber en mesurant son temps de chute avec un chronomètre. Ensuite en utilisant la formule : x = g/2 * t * t , on trouve la hauteur de l'immeuble.

A ce moment, j'ai demandé à mon collègue s'il voulait abandonner. Il me répondit par l'affirmative et donna presque 20 à l'étudiant. En quittant son bureau, j'ai rappelé l'étudiant car il avait dit qu'il avait plusieurs solutions à ce problème.

- Hé bien, dit-il, il y a plusieurs façon de calculer la hauteur d'un immeuble avec un baromètre. Par exemple, on le place dehors lorsqu'il y a du soleil. On calcule la hauteur du baromètre, la longueur de son ombre et la longueur de l'ombre de l'immeuble. Ensuite, avec un simple calcul de proportion, on trouve la hauteur de l'immeuble.

- Bien, lui répondis-je, et les autres.

- Il y a une méthode assez basique que vous allez apprécier. On monte les étages avec un baromètre et en même temps on marque la longueur du baromètre sur le mur. En comptant le nombre de traits, on a la hauteur de l'immeuble en longueur de baromètre. C'est une méthode très directe. Bien sûr, si vous voulez une méthode plus sophistiquée, vous pouvez pendre le baromètre à une corde, le faire balancer comme un pendule et déterminer la valeur de g au niveau de la rue et au niveau du toit. A partir de la différence de g la hauteur de l'immeuble peut être calculée. De la même façon, on l'attache à une grande corde et en étant sur le toit, on le laisse descendre jusqu'à peu près le niveau de la rue. On le fait balancer comme un pendule et on calcule la hauteur de l'immeuble à partir de la période de précession." Finalement, il conclut :

- Il y a encore d'autres façons de résoudre ce problème. Probablement la meilleure est d'aller au sous-sol, frapper à la porte du concierge et lui dire : "J'ai pour vous un superbe baromètre si vous me dites quelle est la hauteur de l'immeuble".

J'ai ensuite demandé à l'étudiant s'il connaissait la réponse que j'attendais. Il a admis que oui mais qu'il en avait marre du collège et des professeurs qui essayaient de lui apprendre comment il devait penser.

Pour l'anecdote, l'étudiant était Niels Bohr (Prix Nobel Physique en 1922) et l'arbitre Ernest Rutherford (Prix Nobel Chimie en 1908).
Les hackers PERL (pardon les mongueurs de PERL ;-)), vous le dirons, il y a plus d'une manière d'arriver à un résultat exact.

Ce que je trouve dommageable cependant dans cette histoire, c'est que cela à l'air de sous-entendre que l'école ne sert à rien... c'est hélas ce que pense beaucoup d'étudiants ou de personnes, qui ont tendance à penser que le seul intérêt de faire des études est d'obtenir des diplômes, pas d'acquérir des connaissances et des compétences. Cependant il faut reconnaître que parfois, les enseignants veulent obliger à les étudiants à penser comme eux... bien sûr ce n'est pas bon... mais déjà de réussir à faire penser les étudiants c'est un sacré succès ! (allez les jeunes, du calme, j'déconne !)... je ferais remarquer que tout le monde n'est pas Niels Bohr. Il est clair que l'enseignement et notamment l'enseignement supérieur pourrait être grandement amélioré... mais à la décharge des enseignants, il faut aussi faire avec des classes nombreuses et au niveau hétérogène, c'est-à-dire que l'on ne satisfait personne.

Je vous laisse méditer là-dessus et réagir si vous le souhaitez... car après tout c'est l'objet de cette histoire !

Yeh Groovy Baby !

1 commentaire:

Anonyme a dit…

D'une certaine manière, je partage ton avis...sans aller jusqu'à dire que cette légende peut laisser penser que l'école ne sert à rien, du moins il est possible qu'elle encourage certains étudiants paresseux (état que traversent au moins tous les étudiants une fois dans leur vie volontairement -si si j'en connais qui se forcent- ou non, et pour certain état permanent) et fort imbus de leur personne à remettre systématiquement en question les enseignements qu'ils reçoivent...tous les étudiants critiquent un jour ou l'autre leurs enseignants, leurs capacités à enseigner, le contenu des cours, leurs méthodes d'évaluation...etc...et c'est tout à fait normal...mais il faut toute proportion garder et savoir apprécier le savoir, aussi mince soit-il, que l'on reçoit...et aussi faire preuve d'une certaine humilité...tout le monde n'est pas destiné à devenir un prix nobel...ni un bon enseignant non plus...c'est peut-être là la meilleure morale de l'histoire...le "bon" enseignant a su reconnaître les qualités des l'étudiant...sans s'arquebouter sur les critères d'évaluation prédéfinis...C'était la lecture "positive" d'un ex-enseignant ... repenti ^_^ (non,non,malgré toutes ces belles paroles, on ne m'y reprendra plus)